La chasse solitaire du meneur

La chatte déboula dans la clairière, à peine essoufflée. Elle leva le museau et huma l'air; il était encore trop tôt pour que les rongeurs sortent de leur trou, mais les oisillons, eux, étaient réveillés. Elle remua les oreilles et tourna vivement la tête; dans un arbre, elle entendait des petits réclamer à manger. Il devaient être trois ou quatre, d'après ce qu'elle sentait. C'est donc à pas de velours qu'elle se dirigea vers le tronc, faisant bien attention au sens du vent.
Une foi au pied de l'arbre, elle sauta. Ses griffes déchirèrent l'écorce, mais elle parvint à se propulser un peu plus haut. Elle atterrit sur une branche, peu solide, et s'empressa de grimper encore plus haut.
Le vertige commençait à la gagner, mais elle tint bon. Ne regardant plus en bas, elle fixa son regard sur le nid, trois branches au(dessus d'elle.
La meneuse sauta de nouveau, serra les dents quand un bout de boit lui entailla les coussinets, grimpa encore et atterrit -un peu trop fort- sur la branche. Son regard de félin menaça les petits, qu'elle oublia rapidement.
Non. Il faut les laisser grandir et manger plutôt les parents.
Elle les scruta et continua à penser.
Dans deux ou trois jours ils pourront voler, il vaut mieux attendre.
Ne voulant pas avoir fait tous ces efforts pour rien, elle regarda le sommet du pin sur lequel elle était. Une fourrure rousse attira son attention.
Un écureuil !
Souriante, elle se cacha, et quand il arriva...
"Clac !"
Ses dents s'étaient refermées sur le cou du pauvre animal. Fière d'elle, elle descendit en faisant très attention, et enterra sa proie.
Au suivant !
Puis elle s'en alla un peu plus loin...