Un petit chaton bien vagabond ! [PV Petite Saison]

Lorsqu'Abysses des Océans se réveilla ce matin-là, une fine pluie tombait dehors. Il sortit et resta un instant sous la pluie à regarder le ciel. Ce n'était pas désagréable. Il n'y avait pas un chat dehors. Ceux qui étaient réveillés restaient terrés dans les différentes tanières. Abysses décida de prendre une marche sous la pluie et de se rendre aux Roches aux Serpents. Lorsqu'il pleuvait, cet endroit devenait magique. Une douce odeur de roche mouillée se dégageait et la mousse accrochée aux roches prenaient une teinte plus foncée. Une petite rivière se formait et laper l'eau pure était un bonheur exquis. Le jeune guerrier frémit d'impatience à cette pensée. Là-bas, il était persuadé de ne rencontrer personne. Personne n'est assez fou pour sortir un jour de pluie! pensa-t-il. Abysses des Océans sentit bientôt son pelage se mouiller, mais il aimait ça. La pluie le faisait sentir vivant. Il repensa avec nostalgie à un vieux dicton que sa mère lui disait quand il était petit: la pluie lave tous les pêchés de l'âme. Du plus loin qu'il se souvienne, Abysses des Océans a toujours aimé la pluie et l'eau. Au moment d'une averse, il était toujours dehors, ce qui lui valait des regards moqueurs de ses camarades. Il se secoua, tant pour chasser la pluie que pour chasser ces douloureux souvenirs. Le Guerrier arriva près d'une énorme roche et la contourna pour se retrouver devant l'endroit le plus beau de son territoire. Bien sûr, si on s'aventurait sur les rochers, ça devenait dangereux, surtout pour les Apprentis qui n'en font qu'à leur tête et pour les chatons qui sont insouciants. En effet, ces rochers était troués de crevasse plus au moins profondes. Abysses des Océans s'assit près du lit de la rivière, où une mare d'eau se remplissait tranquillement. Il s’accroupit et lapa l'eau en ronronnant. Les odeurs étaient fraîches et agréables et la pluie était froide et rafraîchissantes. Le chat aux yeux d'océans eut une pensée pour les autres guerriers, qui grognaient contre la pluie et se cachaient. Ils ont peur de quelques gouttes d'eau, mais faire la guerre les motive ! Il rit à haute voix, persuadé qu'il était seul, lorsqu'une autre odeur remplaça celle de la pluie, une odeur douce et tendre, une odeur qui rappela des souvenirs à Abysses des Océans. L'odeur du lait. L'odeur d'un chaton qui n'était pas à sa place à l'extérieur du camp. Le Guerrier releva la tête et les oreilles. Il n'avait pas à s'en faire, l'intrus était un chaton. Un chaton de son clan d'autant plus. Sauf que ce n'était pas un endroit pour un chaton. Le matou décida d'attendre que le chaton commette une erreur pour le retrouver. Et il n'eut pas longtemps à attendre. Il entendit un petit bruit d'éclaboussure et s'approcha doucement jusqu'à apercevoir le chaton...

La pluie, s’est jolie. Toutes les couleurs se mélangent pour ne faire qu’une épaisse brume argentée. Les gouttes résonnent comme un carillon dans la plaine et l’eau coule dans le camp en formant des arabesques claires dans le sol. Petite Saison leva les yeux au ciel et soupira. Depuis le levé du soleil, elle essayait de positiver devant la cascade de pluie qui tombait devant la pouponnière. Elle s’ennuyait. Soudain, elle aperçut pendant un instant une fourrure blanche et trempée passer dans l’entrée du camp et disparaître. La petite chatte crut avoir rêver, mais se glissa tout de même dans l'ouverture de la pouponnière et sortit. Petite Saison se mit à courir pour ne pas perdre la trace du chat. Le paysage défilait à côté d'elle et bientôt, elle se retrouva dans un endroit avec pleins de rochers. La chatonne tourna sur elle même, elle était perdue. Elle ferma les yeux, et réfléchit à tout les bons moments qu'elle avait passé. La pouponnière, le soleil, les assemblées du camp, ses amis, les apprentis excités, les guerriers courageux, le guérisseur sage et le chef brave. Jamais elle ne les reverrait. Jamais elle n'aurait la joie d'être apprentie. Jamais, car les guerriers de son clan, même forts, ne la retrouveraient pas. Tout ça à cause d'une hallucination. Tout à coup, une odeur familière vint vers elle, et la tira de sa rêverie. Petite Saison se releva d'un bond et s'approcha d'une queue blanche qu'elle venait d'apercevoir. Doucement, elle se colla au sol et sauta. Elle atterrit en pleins dans une flaque boueuse au lieu du rocher qu'elle avait visé. Honteuse, elle se lécha rapidement la fourrure quand le visage flou d'un guerrier du clan du Jour se pencha vers elle. Alors, la petite fut encore plus gênée et elle bégaya :
"-Ce n'est pas se que tu crois... Je ne voulais pas... Je t'ai vu passer... J'ai pas fait exprès."
Petite Saison baissa la tête et entreprit de nettoyer sa queue pour ne pas croiser le regard du chat.

"-Ce n'est pas se que tu crois... Je ne voulais pas... Je t'ai vu passer... J'ai pas fait exprès."

Abysses des Océans frémit les moustaches, amusé. Le petit chaton baissa la tête et nettoya sa queue. Tous les chatons étaient pareils, ils rêvaient d'aventures, de sortir du clan. Le jeune Guerrier avait eu de la chance de trouver la petite avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Il ne voulait pas être trop dur avec elle, mais elle devait comprendre que sortir du clan avant d'avoir l'âge était interdit.

«Tu es Petite Saison, n'est-ce pas?»

Abysses des Océans l'avait souvent aperçue jouer près de la pouponnière. Son pelage était très spécial, il y avait au moins quatre teintes de couleur différente. De plus, Petite Saison n'était pas une chatte excitée et exubérante, et cela plaisait au jeune mâle.

«Tu m'as vu sortir du clan et tu m'as suivi jusqu'ici? Eh bien, félicitations! Tu m'as bien filé, car je n'ai pas perçu ton odeur! »

À coup sûr, Petite Saison ferait une talentueuse Apprentie! Elle était calme et disciplinée. Abysses des Océans continua d'une voix douce et calme:

«Je peux comprendre que tu t'ennuyais, Petite Saison, mais les chatons n'ont pas le droit de sortir du camp avant leurs six lunes.»

Soudain, la pluie cessa et il y eut une percée au travers des nuages. Un rayon de soleil fit son chemin jusqu'à eux, donnant un air mystérieux aux Roches aux Serpents. Les milliers de gouttelettes d'eau étincelaient sous l'effet du soleil et c'était un beau spectacle. Abysses des Océans se tourna vers le chaton, qui n'avait pas beaucoup parlé. 

"-Tu es Petite Saison, n'est-ce pas ?"

Elle leva la tête vers le guerrier. Devait-elle répondre ? Est-ce une interrogation ou une affirmation ? La petite choisit de penser  que la deuxième option était la bonne et se tut. Déjà le chat continuait. Elle baissa de nouveau les yeux et sourit d'un air innocent. Il venait de la féliciter ! Petite Saison se redressa un peu et écouta attentivement les dernières paroles du matou. Sa mère lui avait déjà répétée plusieurs fois que sortir du camp était interdit, mais, venant d'un guerrier qu'elle en connaissait pas beaucoup, et qu'elle respectait déjà, ça ne faisait pas la même impression. La chatonne se sentit soudain coupable comme si elle venait de faire une faute très grave.  Elle avait enfreint le Code du Guerrier.

Alors, la pluie se calma pour finalement cesser et le soleil apparut. Petite Saison regarda, émerveillée le spectacle qui s'ouvrait à ses yeux. Elle voulait se souvenir de tout ce qu'elle voyait, et en oublia presque le guerrier qui était à ses côtés. Les rochers brillaient, dévoilant une nouvelle facette d'eux. L'éclat blanc du pelage du chat lui rappelait les nuages. Elle se tourna vers lui, et une pensée lui vint à l'esprit. Elle ne savait toujours pas qui il était. La petite chatte observa le sage guerrier. Il avait des yeux vraiment étranges. Qui faisaient penser à un lac, ou même plus grand, un océan. Abysse des Océans ! Mais oui, elle se souvenait maintenant de souvent l'avoir vu rentrer de la chasse avec pleins de proies. Elle s'imaginait déjà être Apprentie, avec lui comme mentor. Il lui enseignerait tout ce qu'il savait et elle deviendrait une des meilleures guerrière. Elle sentit alors le chasseur se tournait vers elle.
Il faut que je lui dise quelques choses, mais quoi... Je dois lui faire bonne impression, sinon, il ne voudra jamais d'une apprentie dont les paroles sont sans intérêts :

"- Je sais que j'ai fait une bêtise et je suis désolée. Je ne recommencerai plus, promis."

Elle hésita, puis ajouta :
"- Je peux..."
Un bruit l'interrompit. Elle plissa les yeux, et se concentra. Il pouvait se trouver tellement d'animaux ici, qu'elle ne savait si c'était un serpent malveillant ou une souris bien grosse. Petite Saison se rapprocha légèrement du guerrier.

"- Je sais que j'ai fait une bêtise et je suis désolée. Je ne recommencerai plus, promis."

Abysses des Océans hocha tout doucement la tête. Après une hésitation, elle continua:

"- Je peux..."

Le jeune Guerrier releva le museau. Il crut sentir quelque chose, ou bien était-ce une impression. Petite Saison fut interrompue par un bruit. Cela confirma les craintes du félin, ils n'étaient peut-être pas seuls. Quelques temps avant, la pluie empêchait les serpents de sortir des rochers. À l'inverse, le soleil faisait sortir les reptiles de leur cachette. Abysses des Océans sentit le chaton se rapprocher de lui. À présent, il n'y avait plus un bruit, mis à part le tintement des gouttelettes s'écrasant sur les roches. Un serpent pouvait surgir de n'importe où, à n'importe quel moment et happer un chaton d'un coup. Le mâle chuchota:

«Les serpents ont une vue un peu spéciale. Ils peuvent nous voir à l'aide de la température de notre corps, qui est chaude. Ils ne distinguent pas à proprement dit les couleurs. L'odorat des reptiles n'est pas très développé, mais ils sont très rapides. N'aie pas peur, ils ont l'habitude de s'attaquer aux proies plus faibles, mais je suis là et il ne t'arrivera rien, Petite Saison. Reste près de moi. Les serpents devraient être assez intelligents pour ne pas s'approcher»  

La petite ne fit que hocher la tête, terrorisée. Abysses des Océans se déplaça doucement devant elle, de sorte de la cacher à la vue des serpents. Les deux félins étaient dos à un arbre et devant eux se trouvait les roches aux serpents. Plissant les yeux, la mâle aperçut une forme glissant sur les roches. Il était facile de voir l'animal, car il était brun et la roche moussue était verte. Le reptile siffla et une petite langue rouge et fourchue sortit de sa bouche. Abysses des Océans se colla encore plus sur le chaton, voyant le serpent s'approcher doucement. À un moment, l'animal brun s'arrêta et contempla le matou avec hargne avant de faire demi tour et retourner dans une crevasse de la roche.

Abysses des Océans expira. Il ne s'était pas vraiment rendu compte qu'il avait retenu sa respiration tout ce temps. Il se retourna vers la petite femelle et lui sourit chaleureusement. Le chat aux yeux d'océans se rappela soudainement, bien des lunes auparavant, lorsqu'il était Apprenti. Son mentor, Savoir d'Antan, un vieux chat à la sagesse inépuisable, lui avait appris les particularités des serpents. Il disait que cela lui servirait plus tard, qu'il pourrait enseigner le même savoir à son Apprenti. Le félin regarda Petite Saison avec nostalgie. Comme il aimerait la prendre comme Apprentie. Elle était différente des autres chatons et il voulait lui enseigner son savoir. Abysses des Océans connaissait chaque parcelle de son territoire et chaque avantage et désavantage de celui-ci. Le matou demanda, curieux:

«Quel âge as-tu Petite Saison?»